Goûter de bienvenue [Libre]

Henry avait débarqué la veille au soir accompagné de Priam qu'il tenait fermement dans sa main, valises et autres malles les précédant, flottant dans les airs. Henry était éreinté. Le voyage en train l'avait épuisé. Le transplanage aurait pu être une solution mais il n'avait pas envie que l'enfant se retrouve manchot ou homme-tronc à sept ans. Il avait des cernes, avait du mettre ses lunettes pour éviter un mal de tête inssuportable. Ils étaient arrivés devant le champs de tentes, et Henry ne put s'empêcher de constater que tout ça manquait un peu de rigueur, elles étaient toutes placées n'importe comment. Rapidement, il avait tiré le blondinet jusqu'à leur nouvelle maison. Celle-ci était ravi de faire du camping en vacances. Ah oui, parce qu'il était évident qu'Henry ne dise pas la vérité à un gamin aussi instable que Priam. Insatable... Il a juste un comportement d'enfant que le brun a du mal à canaliser voilà tout. Priam était donc convaincu qu'il allait faire du camping dans le Nord avec parrain Henry et qu'ils allaient faire des activités fantastiques et voir des spectacles de magie toute la journée. Ô joie.

La nuit avait été paisible dans leur tente plutôt confortable. Venir la veille et éviter ainsi les foules était en soi une bonne idée. Henry avait pu se reposer jusque six heures du matin, heure du réveil biologique du gamin. Et vas-y que je te saute dessus, et vas-y que je gueule que j'ai faim.
Henry n'était pas un lève tôt étant donné qu'il aimait faire ses recherches la nuit à la lueur d'une chandelle. Priam bouleversait toutes ses (sales) habitudes.

Âpres une journée intensive à se balader pour visiter le camping, à crier au scandale suite au manque d'une bibliothèque, c'est couverts de boue, ballon au pied qu'ils arrivent au goûter d'accueil. Henry est épuisé et il n'est que 16h00. Il sourit poliment aux uns et aux autres se laisse guider par Priam qui s'epoumonne : "J'ai faim ! J'ai faim !" avant de courir vers la table centrale en gueulant : "Gouteeeeeeeer !"
Henry ramasse le ballon, se frotte les yeux, traîne ses pieds jusque là table, tiré par la main impatiente de Priam.
Il avait pas signé pour ça et craignait qu'il ne s'habitue jamais à ce rythme infernal.

Junko avait été parmi les premiers émissaires à arriver à Falun. Ce n'était pas surprenant. Junko était toujours parmi les premiers. On l'avait conduite à sa tente, et elle s'était installée sans faire d'histoire. Elle n'avait rien amené avec elle, sinon quelques vêtements. Elle avait donc pris la soirée pour faire ce qu'elle faisait de mieux : observer. Les tentes dans lesquelles ils étaient logés disposaient de tout le confort nécessaire, sans être luxueuse. Néanmoins, il allait rapidement falloir penser à construire des dortoirs. Elle avait cru comprendre que les émissaires étaient tenus de participer aux travaux : elle participerait donc. Une fois cela fait, elle pourrait légitimement demander la construction d'un temple, où au moins d'un lieu où prier. En attendant, elle s'était improvisé un autel à proximité de son lit. Cela ferait l'affaire, elle ne s'en plaignait pas. L'avait-on seulement entendu se plaindre un jour ?

Lorsqu'une nouvelle aube se leva sur Falun, elle se prépara machinalement et sortit sans attendre. Un sourire radieux illuminait ses lèvres tandis qu'un agent d'Irae vint la chercher. Un accueil ? Merveilleux. Elle allait enfin pouvoir rencontrer les autres personnes impliquées dans ce projet, ceux et celles avec qui elle allait devoir coopérer au cours des prochains mois. Son regard se posa sur chacune des personnes présentes, et son cerveau se chargea d'enregistrer leurs visages. Elle repéra notamment un individu à l'écart de l'attroupement, assis sur un muret, et qui semblait se concentrer sur son café et sur sa clope. En voilà une merveilleuse idée. Dans pas décidé, et après avoir esquivé un gamin (était-ce également la journée parents-enfants ?) excité à la vue du sucre, elle se dirigea vers l'inconnu aux yeux de glace. "Excuse-moi, tu aurais du feu ?" l'interrogea-t-elle sur un ton amical. Sans attendre de réponse, elle se hissa sur le muret à côté de lui, sortant une cigarette d'une boite dans la poche de sa veste "T'es arrivé y a longtemps ?" l'interrogea-t-elle en laissant son regard courir sur la foule qui commençait à grandir "Oh, au fait, je m'appelle Junko, émissaire pour le Japon, et toi ?"

L'émissaire ressemble à un enfant aux yeux de Junko. Quel âge a-t-il ? Difficile à dire. Elle sait que les apparences peuvent être trompeurs, et que les occidentaux font généralement plus âgés qu'ils ne le sont réellement. Quel importance, il doit avoir plus ou moins son âge puisqu'il est émissaire. Un ricochet ? Les sourcils de Junko s'arque à la réflexion. Cela ressemble à un compliment, mais difficile de savoir ce qu'il en est réellement. Un ricochet, se répète-t-elle mentalement. L'idée est amusante, et maintenant qu'elle a été évoquée, pas entièrement faux. Un sourire amusé étire les lèvres de la jeune-femme tandis qu'elle ne trouve rien à répondre. Elle préfère laisser parler l'émissaire, observant ses réactions, sa timidité, le moindre de ses gestes. L'Islande dit-il ... Oh, la nippone voit parfaitement où cela se trouve. Elle n'a pas échappé à de très nombreux cours de géographie lorsqu'elle vivait encore dans la demeure familiale. Si le voyage a été compliqué ? "Non. Je suis arrivée hier soir par portoloin. Le paysage est un peu plus désolant que ce à quoi je m'attendais, mais à part ça, tout s'est bien passé." Elle hausse les épaules tout en faisant la conversation, ses mots glissaient comme de l'eau alors que l'ombre d'un sourire continuait à planer sur son visage. Finalement, elle prend le temps d'allumer la cigarette qu'elle coince entre ses lèvres. Elle n'en a jamais vraiment aimé le goût, mais a commencé il y a tant d'années qu'elle ignore si elle serait capable d'un jour arrêter. Pas que la question se pose de toute façon. Soudain, de derrière le muret apparaît une boite que lui tend l'Islandais. Comment ça 'il a eu Roderick Plumpton' ? Comment ça 'il ne l'avait jamais eu' ? Junko comprenait les mots, mais ne leur associait pas le moindre sens. Sceptique, elle ouvre la boite de carton pour découvrir ce qu'elle renferme. Qu'elle ne fut pas sa surprise lorsqu'une grenouille s'en échappa. Par réflexe, elle l'attrapa, la serrant sans doute trop fort car l'amphibien s'affaissa entre ses mains. Etrange, pensa-t-elle. L'animal n'avait pas la texture attendue. Elle semblait même... fondre entre ses doigts. Alors la japonais le ramena à hauteur de son visage avant de réaliser ... "C'est... du chocolat ?" Voilà qui était inattendu. "Du chocolat qui s'enfuit de sa boite quand on l'ouvre ... c'est ... original ..." Loin d'être dans le jugement, Junko était plutôt dans l'incompréhension. Sans ses réflexes, qu'aurait-elle été censée faire ? Courir après un amphibien comestible ? Ou simplement la regarder s'enfuir au loin en ignorant la plainte de son estomac ? La question demeurait sans réponse, à moins que l'islandais en eut une à lui donner ? Et puis, elle n'avait toujours pas saisi quel était le rapport avec Roderick Plumpton. Ce monde était définitivement plein de mystères.

Henry était carrément éreinté. Et pourtant, il avait l’habitude de courir sur un terrain, de faire des passes, de jouer foot. Mais s’occuper d’un gosse ! Cela relevait d’un exploit colossal, il pourrait bouffer des barres vitaminées en intraveineuse.
Ils marchent ensemble main dans la main. Henry, même si il peut se plaindre de Priam toute la journée dans son fort intérieur, il aimait ce gamin et le premier qui oserait ne fut-ce que lever le petit doigt sur lui ou tenter de lui faire du mal, l’historien le démonte instantanément même si cela n’est pas dans ses habitudes d’affronter les conflits. Priam le tire vers les gâteaux, hurle un peu trop fort à son goût, il a l’impression que tous le jugent. Il offre des sourires coincés à certains qui les regardent. Pourquoi les enfants ne sont-ils pas dotés de la parole quand leur cerveau est totalement formé ? C’est exaspérant de leur expliquer tous les mots de vocabulaire.
Priam s’empiffre tandis que lui, enfourne avec fatigue un cupcake dans sa bouche. Leurs vêtements sont couverts de boue mais ils s’en fiche. Priam doit apprendre à reconnaître l’importance de ses besoins & lorsqu’un crétin vient retirer la boue de leurs vêtements d’un coup de baguette magique, Henry panique. Il croise le regard du type et fait non de la tête avec vigueur avant de sortir sa baguette discrètement pour leur remettre de la boue. Vu ses traits, l’homme doit être un simple étudiant, il lui expliquera donc plus tard que la véritable magie ne peut être faite devant le gamin sans son accord.
Par Merlin, que ça allait être compliqué de gérer tout ça. L'honnêteté était de mise & Henry serait transparent autant pour les étudiants que pour les professeurs. Le mensonge n’a jamais rien attiré de bon. Et ici, tant qu’il ne savait pas si Priam avait des pouvoirs magiques, ce dont il doutait vu que ses deux parents sont moldus, il devait être vigilant et ne pas pratiquer une magie trop évidente.
Et puis, soudain, Henry sursauta quand un homme vint tomber à leurs pieds, le brun s’empressa d’aider le malheureux en lui apportant un soutien de son bras mais il sembla se débrouiller tout seul et ne lui accorda pas plus d’attention qu’un végétarien face à un morceau de steak de boeuf.
Henry tressaille quand, l’autre parle à Priam de magie. Il se fige, observe la scène, prêt à intervenir mais il se détends quand une pièce surgit de l’oreille du gamin. Henry se détend et pose une main paternelle sur l’épaule du garçon, souriant. Henry lui fit un signe de tête approbateur quand il lui tendit sa pièce au chocolat, appréciant ce geste de demander.
“Enchanté ! Je suis Henry, et voici Priam. Dis bonjour et merci au Monsieur, Priam.” dit-il en le poussant gentiment vers l’homme à la barbe rousse. Priam, bredouille un bonjour et un merci gêné avant que nous sursautons lorsque le type s’écrie.
“Oui, c’est un vrai ballon de foot… C’est un sport…” Henry profita que Priam s'intéresse à nouveau au buffet pour murmurer “...Moldu” en le désignant du doigt. “Ca se joue au pied, comme ceci.” Henry jongle quelques courtes secondes avec la balle entre ses jambes avant de lui tendre après l’avoir fait rebondir sur son genou. “On devrait sans doute s’écarter de la table, vous avez quand même failli tomber dessus tout à l’heure. Je n’ose imaginer ce que vous pourriez faire avec une balle entre vos mains” lâcha-t-il le plus sérieusement du monde en s’éloignant de la table, gardant toujours un oeil sur Priam qui dévalisait les gâteaux à la crème de Citrouille.

L'islandais avait l'air incroyablement enthousiaste à l'idée de ce chocolat qui s'enfuyait de sa boite. Jun en revanche n'était pas certainement de partager l'excitation provoquée par l'amphibien comestible, mais elle trouvait cela, en un sens, attachant. Si bien qu'elle se retint de faire la moindre réflexion à ce sujet. Elle ne put que relever l'originalité de la chose. Elle ne s'était bien sûr pas exactement attendu à ce que l'émissaire aille piocher une nouvelle chocogrenouille, ni même à ce que cette dernière se retrouve sur son épaule. Stoïque, Jun la regarde faire mais soudain, elle se fige, et Ingi reprend la parole dans la foulée « En général, elles ne vont pas très loin. Ma meilleure a fait deux grands sauts et a fini en bas d'une falaise. C'était assez triste, et en même temps, je suis toujours admiratif des petites joies simples que la magie peut procurer. » Les petites joies simples de la magie ... Très clairement, ils n'avaient pas le même rapport à la magie. Ou à la joie. C'était selon. La réflexion faisait néanmoins prendre conscience à Junko qu'elle avait fréquenté peu de personne différentes d'elle. Sans doute allait-elle devoir s'y habituer à présent qu'elle était propulsée au milieu d'une congrégation internationale. « Tu devrais la manger, elle risque de fondre maintenant. Pas sûr que tu ais envie de te retrouver pleine de chocolat le premier jour. » L'expérience semblait parler, et dans un sourire, la jeune-femme imita l'islandais, engloutissant l'amphibien en quelques bouchées. Le goût était loin d'être extraordinaire, mais apparemment, ce n'était pas vraiment ce qui importait. Ce qui importait était ... les petites joies ? Un truc du genre ? Ouais, probablement. « J'aurais du penser que vous n'en avez probablement pas au Japon. C'est britannique à la base. Mais du coup, si tu regardes dans la boîte, tu peux trouver une carte de chocogrenouille, qui représente un sorcier ou une sorcière célèbre ! Avec son historique derrière. Certaines cartes sont très rares, d'autres beaucoup moins. » Avaient-ils des chocogrenouilles au Japon ? C'était une bonne question, mais Jun préféra l'éluder en ce concentrant sur la boite qu'elle avait précédemment ouverte. En effet, il y avait une carte au fond de celle-ci. L'encart censé accueillir un portrait était vide, et en-dessous, le nom "Albus Dumbledore". « Albus Dumbledore. J'l'ai déjà eu plein de fois. Un grand sorcier à ce qu'on dit, ils sont pas nombreux à y être vivants. Tu la veux ? » Or, ce n'était pas vraiment comme s'il lui laissait le choix, à agiter la dite carte sous son nez. Polie, Jun bredouille un "Merci beaucoup" en récupérant la carte et en la fourrant sans plus de formalité dans sa poche, sans prendre la peine de faire remarquer qu'il n'y avait personne sur la carte. Un portrait magique, peut-être ? En réalité, cela lui importait assez peu. « Je me demande si vous avez des trucs comme ça au Japon qu'on ne connaît pas, qui font partie de votre culture sorcière. Je... connais pas bien le Japon en fait. » Finalement un sujet sur lequel Jun se sent à même de répondre, bien contente au fond que l'épisode des amphibiens soit passé. Dans un sourire doux et aimable, elle hausse légèrement les épaules, avant de répondre "Probablement ? Je ne suis jamais sortie du Japon, du coup je ne sais pas vraiment ce qu'on peut trouver de différent ici. Nous n'avons pas les mêmes goûts en matière de nourriture, ça c'est certain en tout cas." Au détour d'un accio informulé, Jun se retrouve avec un thé entre les mains -- du thé anglais, probablement, mais elle n'allait pas faire la fine bouche, pas aujourd'hui --, et elle poursuit en reposant son attention sur les personnes présentes au goûter "Puis, je n'ai pas été à l'école, je ne suis pas beaucoup sortie du cadre familial, du coup je suis sûre qu'il y a plein de choses que je ne connais pas sur les trucs populaires au Japon non plus" ce n'est pas de la tristesse dans sa voix, juste un constat. Son grand-père n'avait jamais jugé utile de la confronter au monde extérieur. Avaient-ils des chocogrenouilles au Japon ? A bien y réfléchir, ce n'était même pas impossible, mais le fait était qu'elle n'en avait pas le moindre problème. "Au moins," reprend-elle en se redressant "le séjour sera dépaysant !" Et encore, elle n'était pas au bout de ses surprises.

Ingi s'essuya les mains tâchées de chocolat dans l'herbe humide derrière lui, le plus discrètement possible. Il avait les mains chaudes, lui l'enfant de la glace. A côté de lui, Junko semblait absolument insensible aux merveilles qui l'enthousiasmaient tant en ce premier jour, mais elle était polie. Pas de regard gêné vers les autres dans l'espoir que quelqu'un vienne la chercher, pas de moue gênée. Il avait même le droit à un joli sourire, c'était chouette. Pour la troisième fois, l'islandais alluma sa clope avec une allumette, et cette fois, resta immobile, les lèvres silencieuses. Sa main droite tremblait légèrement, le stress probablement. Elle évoquait une vie recluse au Japon – qu'il imagina aussitôt dans une maison en bois dans les montagnes de l'île – et il ne se sentait pas de l'interroger là dessus. Il avait déjà fait de gros efforts sur lui pour aborder les chocogrenouilles avec enthousiasme, et les sucreries en général, et une conversation plus sensée et sérieuse était clairement au delà de sa portée. Il était pas doué avec ça, Ingi, c'était comme ça. Et pourtant, elle ne lui laissait guère plus d'ouverture, comme si c'était un tournant attendu et logique. Non. Le cadre familial, la vie d'avant, c'était intime. Au moins, en disant de la merde sur des grenouilles magiques, on ne risquait pas de froisser plus que ça. Il finit sa clope et son café en silence, incapable de détourner les yeux vers Junko tant le malaise revenait lui engourdir les membres. Ça allait vite devenir gênant, tout ça. Un soupir. Ses jambes reviennent taper doucement contre le muret en pierre, il se sent hésiter.
« C'était un plaisir, Jun... ko. » Sa main tremblante passe dans ses cheveux, il continue de fixer la table devant eux. La retraite est encore l'option la plus sûre, ouais. Tant pis. « J'imagine qu'on se reverra bientôt. C'était gentil de faire l'effort, merci. » Il tourne la tête vers elle mais ne croise pas son regard. Un sourire crispé se dessine sur son visage. L'islandais descend du muret, tendu, et cherche le chemin le plus rapide pour s'extraire de la cour. Il se retire en silence, cherchant à éviter au mieux les groupes ça et là. La tente des Taurus devrait être tranquille à cette heure. Ce sera bien.

Fait froiiid.

J’suis arrivée en Suède depuis même pas un jour et déjà j’regrette le temps où j’savais à peine c’que ça voulait dire froid.

Si j’avais su putain.

…j’aurais fait exactement pareil et tout l’monde le sait, ça va, c’est bon.

On a passé la soirée à papoter, les gens d’la tente Apus. Toute l’Afrique était là, certains que j’connaissais d’Uagadou, d’autres jamais vus, toutes les couleurs de la terre et c’était beau. Bon bien sûûûr y a des voisins avec qui on s’entend mieux qu’d’autres, des connards à pas taper tout d’suite, d’autres connards qui s’demandent pourquoi on a envoyé une femme représenter un pays et qu’le jour où y s’prendront mon poing dans leur gueule y sauront pourquoi, mais dans l’ensemble ça s’annonce pas trop mal j’crois. Après il a fallu dormir et ça a été plus compliqué. Certains avaient plus l’habitude du froid que d’autres heureusement, du coup on a passé encore un moment à échanger des conseils pour pas mourir de froid dans la nuit – non j’exagère pas ! Bon ptet un peu mais à peine – pis on est allés s’coucher. J’ai lancé un sort de séchage à mes draps du coup ils étaient bien chauds, j’ai mis deux capes sur ma couverture, j’me suis roulée en boule, et bizarrement j’ai presque pas eu d’mal à m’endormir.

Demain, dès l’aube, à l’heure où… la campagne aurait déjà dû être pleine de couleurs… bah elle était blanche et froide et moche. La journée s’est passée en explorations, repérages, salutations plus ou moins cordiales avec les autres émissaires des autres coins du monde – y en a qui digèrent mieux l’noir que d’autres on va dire –, j’ai évité les ruines pour l’instant mais j’ai quand même pris un moment pour voir si y aurait pas un chat esseulé quelque part. Pas vu. Dommage. Bah, ils sortiront après, doivent être perturbés là avec tout ce trafic.

Et le soir, qu’il fait déjà presque nuit là si on m’demande, et beaucoup trop froid en prime, goûter. Totalement informel visiblement, quand j’arrive sur place. Tant mieux. J’aime pas quand faut faire semblant d’être polie et bien élevée à grands coups d’ragnagnas. Remarque… les parents ont vite compris qu’il valait mieux prétexter qu’j’avais autre chose à faire s’ils voulaient rester crédibles. Trop prise par ses études, la petite Cecily, oui, si sérieuse, si dévouée. Trop prise par son travail Cecily, la fierté de son père, l’honneur de sa mère, oui oui. Tu parles.

Bref, j’regarde si j’vois des gens d’la tente, si j’en repère d’autres, et… tiens, y a pas tant d’Blancs qu’ça en fait, j’aurais pas cru.

J’me sers un verre de… j’sais pas, un truc que quelqu’un vient d’se servir, pis comme j’vois pas d’paumé tout seul j’cherche un groupe.

…ah tiens, j’reconnais cette tignasse. Euh. D’où il était déjà lui, Turquie ? Nan c’pas en Afrique la Turquie. Tunisie alors ça doit être oui voilà. Et avec luiii… connais pas. M’dit vaguement un truc, mais j’arrive pas à mettre l’doigt dessus. Pas vu hier ou c’matin, donc soit une autre tente soit un prof. Un peu clairs les deux mais bon hein, voilà. L’ouverture d’esprit tout ça ça commence par l’ouverture au reste du continent.

"Heyyy." Sourire, parce que faire la gueule ça va pas favoriser l’ouverture, et que ça va j’ai pas encore de raison d’pas l’piffer, le "fils de", donc j’souris, voilà. "Cecily, Cameroun, enchantée." Effort de mémoire. Moumoute il s’appeeelle… "Zaim c’est ça ? Tunisie." Et Boucleeettes… "On s’connaît aussi j’crois. Uagadou ?"

Si j'avais croisé un type si pâlichon au boulot, j'm'en souviendrais.